Lors de l’édition 2024 du Xplore Alpes Festival, le film Sunriders de Matthieu Marlin et Damien Calvet a remporté le Prix Expédition & Aventure. Ce moyen métrage retrace leur incroyable voyage à vélo de Nice à Singapour, une aventure marquée par des rencontres humaines, des paysages à couper le souffle et des défis hors du commun. Nous avons eu la chance de les interviewer pour en apprendre davantage sur leur expérience et la réalisation de ce film captivant.

Pourquoi avez-vous choisi de raconter votre voyage à vélo de Nice à Singapour ?

À l’origine, notre objectif principal était de filmer notre aventure pour créer un film relativement structuré, mais destiné avant tout à notre usage personnel, afin de garder des souvenirs précieux et pouvoir les revivre dans 10, 15 ou même 20 ans. Nous n’imaginions pas que ce projet rencontrerait un tel succès.
Au fil des kilomètres, l’intérêt grandissant sur Instagram pour nos aventures nous a surpris et encouragés. Cet engouement nous a poussés à aller plus loin, à filmer avec soin et à chercher la meilleure qualité possible, transformant notre projet initial en un film bien plus abouti qu’un simple souvenir personnel. En réalité, c’est le soutien des personnes qui nous suivaient qui nous a portés et motivés à raconter notre histoire sous cette forme.

Quels défis inattendus avez-vous rencontrés en traversant des pays aussi différents que l’Iran ou l’Asie centrale ?

L’Iran était un pays qui nous intimidait beaucoup sur le papier en raison de sa situation géopolitique, et nos premiers jours sur place ont été marqués par une certaine appréhension. Cependant, l’accueil exceptionnel de ses habitants nous a fait tomber amoureux de ce pays. Bien sûr, il reste nécessaire de faire preuve de vigilance et de discrétion, car la présence des milices sur place peut toujours réserver des imprévus.
La traversée du désert entre le Kazakhstan et l’Ouzbékistan (1 400 km en deux semaines) a sans aucun doute été l’un des plus grands défis de notre voyage. La chaleur accablante, le vent de face, le manque d’eau et de nourriture, ainsi que l’isolement, rendaient cette expérience exténuante. Paradoxalement, alors que nous n’avions qu’une seule idée en tête à ce moment-là – quitter ce désert – nous repensons aujourd’hui à cette étape avec une grande nostalgie. Elle incarne pour nous l’essence même de l’aventure, la vraie, celle qui a donné tout son sens à notre périple, au point de nous donner envie de la revivre un jour.

Le vélo est un moyen de transport unique. En quoi a-t-il enrichi votre expérience et le récit du film ?

Pour nous, voyager à vélo c’est la liberté. Cela nous permet de parcourir de grandes distances en toute autonomie : cuisiner nos repas, camper où bon nous semble… Mais ce que nous avons surtout découvert, c’est ce que le vélo nous apporte en retour : un véritable capital sympathie. Notre allure peu menaçante, parfois même amusante, suscite la curiosité et facilite les échanges avec les gens.
Cette proximité permet de faire de belles rencontres et de découvrir les pays à travers ceux qui y vivent. En voyageant à vélo, nous empruntons les petits chemins et traversons les campagnes, loin des lieux touristiques. C’est ainsi que nous explorons les pays de la manière la plus authentique possible. Cela peut sembler cliché, mais c’est vrai : à vélo, la destination compte peu. Ce sont les rencontres, les imprévus et les défis sur la route qui marquent réellement l’aventure.

Comment avez-vous capturé l’hospitalité et les rencontres humaines marquantes tout au long de votre périple ?

Excellente question ! Ce n’était pas une tâche facile, et d’ailleurs, nous avons peu de rencontres vraiment bien filmées. Il est toujours délicat de sortir son appareil photo lorsque l’on partage un moment chez quelqu’un qui nous accueille. Au début du voyage, nous n’osions pas du tout utiliser nos caméras.
Avec le temps, nous avons appris à le faire de manière plus naturelle. Nous commencions par passer du temps avec les gens, à vraiment créer un lien sans filmer. Ensuite, nous leur expliquions notre périple et notre projet de film, avant de leur demander s’ils étaient d’accord pour que nous capturions ces moments de vie partagés. En suivant cette approche, nous avons constaté que les gens étaient presque toujours ravis de contribuer au projet et se montraient très ouverts.

Quelle part de découverte personnelle avez-vous intégrée au film, en plus des paysages et des aventures ?

Nous avons beaucoup appris sur nous-mêmes grâce à l’autre, et c’est pour cette raison que le duo occupe une place centrale dans notre film. Cela a été une expérience formidable pour nous : voyager à deux était à la fois simple et rassurant. Cependant, nous avons également croisé d’autres voyageurs en duo pour qui cette dynamique pouvait devenir source de tensions, voire destructrice.
Dès le départ, nous avons choisi de mettre l’accent sur la communication. Nous n’hésitions pas à exprimer, avec bienveillance et sans attendre, ce qui pouvait nous agacer chez l’autre. Cette honnêteté immédiate évitait que les frustrations ne s’accumulent et ne dégénèrent. Nous avons aussi appris à accueillir les critiques avec ouverture. Plutôt que de nous braquer face à un reproche, nous prenions le temps de réfléchir à sa validité, et souvent, il s’avérait justifié.
Voyager à deux est donc une expérience incroyable pour mieux se connaître, apprendre à travailler en équipe et renforcer la solidarité au sein du duo.

Avez-vous d’autres projets de voyages ou de récits d’aventure à vélo ?

Nous avons effectivement de grands projets de voyage pour les années à venir, dès 2025. Nous repartirons toujours ensemble et à vélo mais désormais nos aventures seront plus courtes, d’une durée maximale d’un mois, car nous travaillons tous les deux aujourd’hui.
Pour l’instant, nous ne pouvons pas en dire davantage, car ces projets sont encore en cours de finalisation. Mais rassurez-vous, nous les dévoilerons très bientôt ! 😉

Retrouvez le film Sunriders, lauréat du Prix Expédition & Aventure, lors du Xplore Film Tour.