Rencontre avec Eva Payens et Clio Di giovanni, les réalisatrices derrière ce projet inspirant
Sur les réalisatrices et leur parcours
Pouvez-vous chacune vous présenter et nous parler de votre parcours ?
Eva : Je m’appelle Eva, je ne viens pas du milieu de la montagne, mais j’ai grandi dans le Val d’Oise, au bord de la Seine. La rivière et l’eau ont toujours fait partie de mon environnement, ce qui explique peut-être pourquoi l’univers des gouilles à Chamonix m’a tant touchée. J’ai d’abord travaillé chez un fabricant d’appareils photo, puis dans la production. Aujourd’hui, je suis photographe et musicienne, et « Gouille » est mon premier projet de film.
Clio : Je m’appelle Clio. Depuis mon enfance, mes parents avaient une résidence secondaire à Chamonix, qui est vite devenue ma seule « vraie maison » en raison de nos nombreux déménagements. Après des études de droit et de sciences politiques à Paris, j’ai décidé de m’installer à Chamonix à temps plein en 2019, dégoûtée par la vie urbaine. Passionnée de ski, j’étais également fascinée par la communauté atypique de la vallée. Depuis mon installation, j’ai travaillé pour l’ONU dans la protection de l’environnement et je suis membre du bureau d’une association féministe.
Sur leur collaboration
Comment vos expériences personnelles vous ont-elles conduites à collaborer sur ce projet ?
Eva : J’ai travaillé dans la production photo ces quatre dernières années. En tant que photographe, j’ai mené plusieurs projets axés sur la narration visuelle, notamment sur les femmes en Géorgie. Après une formation aux Gobelins en 2023 et la réalisation d’un film de fin d’études, j’ai eu un déclic : je voulais faire des documentaires. Avec Clio, nous parlions souvent de cinéma, et un jour, au bord des gouilles, l’idée de ce film est née. Bien que les formations documentaires à Lussas nous aient refusées, nous avons persisté, envoyé notre dossier à des bourses et à l’appel à projets du Xplore Alpes Festival.
Clio : Mon parcours en sciences politiques m’a sensibilisée aux enjeux environnementaux, particulièrement lors de mon expérience en Afrique de l’Ouest. En 2023, durant une période de chômage, j’ai pu prendre du recul et explorer ma créativité. Avec Eva, notre émerveillement commun pour la nature nous a naturellement amenées à collaborer sur ce projet.
Sur leur vision de la montagne
Clio, vous avez grandi à Chamonix, et Eva, vous venez du Val d’Oise. Comment vos origines différentes enrichissent-elles votre vision commune de la montagne et de la nature ?
Eva : J’ai grandi entourée de jardins travaillés par l’homme, tandis que les Alpes m’ont confrontée à une nature brute et majestueuse. C’était un univers totalement nouveau pour moi. Clio, à l’inverse, est familière avec cette nature, mais j’ai découvert qu’elle partageait mon émerveillement pour les détails en vallée.
Clio : Bien que mes racines soient rurales, rencontrer Eva a été une surprise. Je ne pensais pas qu’une « parisienne » pourrait avoir une sensibilité si proche de la mienne. Nos perceptions s’harmonisent parfaitement, même si Eva n’a jamais les chaussures ou le sac à dos adaptés !
Sur « Gouille »
D’où vient l’idée de « Gouille » ? Pourquoi avoir choisi ces baignoires naturelles comme sujet central de votre documentaire ?
Clio : Les gouilles sont devenues mon refuge à Chamonix, loin de l’agitation estivale. En 2020, pendant le confinement, nous avons commencé à explorer cette idée avec Eva. L’acte de se baigner a pris une signification profonde, symbolisant notre place dans la nature.
Eva : En découvrant que d’autres personnes partageaient notre passion pour ces baignoires naturelles, nous avons voulu raconter leurs histoires. Ces rencontres ont enrichi notre projet.
Votre projet donne une voix non seulement aux humains, mais aussi aux plantes et aux animaux. Comment traduisez-vous cette interconnexion à l’écran ?
Les gouilles sont un personnage à part entière dans le film. Nous avons voulu leur donner une voix et accorder autant de temps à l’écran aux animaux et aux plantes qu’aux humains, afin de sortir d’un regard anthropocentrique.
Sur le Xplore Alpes Festival
Qu’est-ce que cela représente d’avoir remporté le Xplore Pitch 2024 ?
Participer au Xplore Pitch a été une opportunité d’accélérer notre projet. Les ateliers nous ont aidées à mieux comprendre l’écosystème du documentaire télé. Ce fut une expérience formatrice et enrichissante.
Que signifie pour vous le partenariat avec France 3 Auvergne-Rhône-Alpes ?
C’est une chance de collaborer avec des professionnels tout en réalisant un film ancré territorialement. Ce partenariat nous permet de toucher un large public, de la vallée de Chamonix à l’échelle nationale.
Sur leurs ambitions
Qu’espérez-vous que le public retienne de cette expérience cinématographique ?
Nous souhaitons offrir une immersion poétique et sensorielle, invitant chacun à changer son regard sur le monde.
Avez-vous réfléchi à l’impact que vous souhaitez générer ?
Nous voulons sensibiliser à la crise écologique en renforçant les liens entre humains et nature. Le film a été pensé pour provoquer une « choc sensible », à l’image d’une baignade en eau froide.
Avez-vous d’autres projets en tête ?
Absolument ! Nous avons déjà des idées, dont des fictions et même un film d’horreur, pour continuer à explorer la relation entre l’humain et la nature.
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